L’or de la Banque de France : le casse du siècle
22/10/2025 – Par Nicolas Philippe Granget
Le plus grand vol de l’histoire française ne s’est pas fait à main armée. Il n’a pas eu lieu dans une bijouterie, ni dans un fourgon blindé, mais dans les salles feutrées d’une institution d’État : la Banque de France. Là, derrière des portes blindées et sous couvert d’expertise économique, un trésor national a peu à peu disparu. L’or de la France, l’or de nos grands-parents, celui que le général de Gaulle avait fait rapatrier des États-Unis pour garantir notre indépendance monétaire, a été vendu, dilapidé, transféré, jusqu’à devenir un simple chiffre sur un écran.
Officiellement, la Banque de France détient encore 2 436 tonnes d’or. Mais combien dorment réellement dans ses coffres parisiens ? Combien ont été confiées à Londres, New York ou Ottawa, hors de tout contrôle démocratique ? Nul ne le sait avec certitude. Car ce sujet, pourtant fondamental, est frappé du sceau du secret. Ce que l’État dissimule au peuple, c’est l’histoire d’une dépossession silencieuse : celle du dernier bien tangible appartenant à la Nation.
Entre 2004 et 2009, sous la présidence Chirac et avec Nicolas Sarkozy ministre de l’Économie, puis président, la France a vendu près de 600 tonnes d’or. Une opération présentée comme “technique”, “rationnelle”, “diversifiante”. En réalité, c’est l’un des pires choix économiques du siècle : à peine quelques années plus tard, le cours de l’or était multiplié par quatre. Résultat : plus de vingt milliards d’euros envolés, et un patrimoine stratégique amputé pour toujours. Pendant que la France bradait son or, la Chine, la Russie et la Turquie en achetaient massivement. Elles accumulaient la force ; nous vendions la nôtre.
Mais le scandale ne se limite pas à une erreur de gestion : il révèle une logique profonde, celle de la trahison économique. Vendre l’or de la France, c’est vendre son bouclier, c’est renoncer à la seule valeur qui ne dépend ni des marchés, ni du dollar, ni de personne. C’est une capitulation financière aussi grave que la réintégration de l’OTAN sur le plan militaire, ou le Traité de Lisbonne sur le plan politique. En quelques années, la France s’est dépouillée de tout ce qui faisait d’elle une puissance indépendante.
De Gaulle disait : « L’or, c’est la seule monnaie qui n’appartienne à personne. »
Aujourd’hui, l’or de la France n’appartient plus vraiment à la France.
Et ce n’est pas un hasard : quand un pays renonce à sa souveraineté politique, il finit toujours par perdre sa souveraineté économique.
De Gaulle et l’or : le bouclier de la France libre
Dans les années 1960, alors que le monde se divise entre blocs, un homme se dresse face à l’hégémonie américaine : Charles de Gaulle. Le Général a compris avant tout le monde que la véritable domination ne se fait pas par les armes, mais par la monnaie. Derrière le dollar, symbole de puissance, se cache un système de dépendance globale : le fameux “privilège exorbitant” du billet vert, qui permet aux États-Unis de s’endetter à l’infini pendant que les autres payent en valeur réelle.
Et de Gaulle, fidèle à sa vision d’une France indépendante, refuse d’être complice de ce tour de passe-passe.
En 1965, il prononce un discours resté célèbre :
« L’or ne change pas de nature. Il est, aujourd’hui comme hier, la valeur réelle qui ne dépend de personne. »
Puis il agit. Il ordonne à la Banque de France de convertir une partie des réserves en dollars en or physique, exige le rapatriement des lingots stockés à New York et envoie un navire de guerre, le Croiseur Colbert, pour récupérer ce trésor national. Le monde entier regarde la France reprendre son indépendance monétaire sous les yeux furieux de Washington. C’est un acte de souveraineté absolue, un geste de défi, presque de guerre économique.
Sous De Gaulle, la France possédait plus de 4 200 tonnes d’or, soit le quatrième stock mondial.
Mais surtout, cet or était stocké à Paris, dans les coffres du 39, rue Croix-des-Petits-Champs, sous la protection de l’État français. Ce métal jaune n’était pas un simple actif financier : c’était la garantie de la liberté nationale. Chaque lingot représentait une part d’indépendance, un gage d’autonomie face aux marchés, un symbole de continuité républicaine.
De Gaulle n’avait pas d’illusions : il savait que le jour où la France confierait son or à d’autres, elle confierait sa souveraineté avec.
C’est pourquoi il en fit une doctrine : une monnaie nationale adossée à un stock réel, une politique étrangère indépendante, une armée autonome, et une économie protégée des influences extérieures. L’or était le socle invisible de cette architecture.
Il avait compris que celui qui détient l’or contrôle sa destinée — et que celui qui le vend s’en remet à la volonté des autres.
Mais cette vision, forgée dans l’honneur et la méfiance envers les empires, allait peu à peu disparaître avec lui.
Après sa mort, l’élite politico-financière française, fascinée par la mondialisation et docile envers les institutions supranationales, a commencé à démanteler pièce par pièce les fondations de l’indépendance nationale.
Et ce qui fut jadis un symbole de puissance devint, sous la plume des technocrates, un “actif dormant”.
Ce glissement de langage préparait le pire : transformer le trésor des Français en produit de spéculation.
Les années Sarkozy : la grande liquidation
Quand Charles de Gaulle faisait rapatrier l’or de France pour s’affranchir du dollar, Nicolas Sarkozy, lui, en a vendu pour s’y soumettre.
Entre 2004 et 2009, sous la présidence de Jacques Chirac et avec Sarkozy tour à tour ministre de l’Économie puis président de la République, la Banque de France a vendu 589 tonnes d’or, soit près d’un quart de son stock. L’opération, orchestrée par le gouverneur Christian Noyer, est officiellement justifiée par la nécessité de “diversifier les réserves” et de “profiter d’un contexte favorable sur les marchés”. En réalité, c’est l’une des décisions les plus désastreuses de l’histoire économique moderne.
En 2004, l’once d’or vaut environ 320 euros.
Cinq ans plus tard, elle dépasse les 900 euros.
En 2012, elle flirte avec les 1 400 euros.
Autrement dit : la France a vendu son or au prix le plus bas du siècle.
Les 589 tonnes cédées auraient aujourd’hui une valeur supérieure à 35 milliards d’euros.
Officiellement, cette vente a rapporté environ 7 milliards, aussitôt convertis en devises étrangères — essentiellement en dollars et en livres sterling.
Mais que valent des billets de papier, soumis aux humeurs des marchés et à la planche à billets de la Réserve fédérale américaine, face à un métal dont la valeur résiste à tous les temps ?
La réponse est simple : Sarkozy a échangé la souveraineté contre la volatilité.
Christian Noyer, alors gouverneur de la Banque de France, expliquait en 2007 :
« L’or n’est plus une réserve utile. Ce n’est plus un instrument de la politique monétaire moderne. »
Une phrase qui résume toute l’idéologie de l’époque : celle d’une élite convaincue que la France n’a plus besoin de posséder ce qui lui appartient.
Cette opération s’est déroulée dans le plus grand silence politique. Aucun débat parlementaire, aucune consultation publique, aucune information dans les grands médias.
Le peuple, une fois encore, fut mis à l’écart de la décision.
Pendant que la France liquidait ses lingots, les autres grandes puissances faisaient exactement l’inverse.
La Chine achetait massivement de l’or, augmentant ses réserves de 600 tonnes entre 2005 et 2009.
La Russie, sous Vladimir Poutine, faisait de même, accumulant plus de 500 tonnes sur la même période.
L’Inde, la Turquie et même l’Allemagne renforçaient leurs stocks.
Les uns anticipaient l’effondrement de la confiance dans le dollar,
les autres vendaient leur seule protection contre cet effondrement.
La France, patrie de l’indépendance monétaire, choisit de se rendre sans combat.
Mais le scandale ne se limite pas à la vente : il concerne aussi la localisation du reste du stock.
En 2009, près de 30 % de l’or français n’est plus sur le sol national, mais déposé dans les coffres de la Bank of England à Londres, sous prétexte de “liquidité” et de “sécurité”.
Autrement dit, une partie du trésor de la France se trouve sous tutelle britannique — au moment même où la City devient le cœur de la finance dérégulée mondiale.
De Gaulle en aurait fait une affaire d’État.
Sarkozy, lui, en fit une ligne comptable.
Cette vente d’or est à la fois un symbole et un signal.
Symbole d’une époque où la France a cessé de croire en elle-même,
signal d’un basculement idéologique : celui où les dirigeants cessent de protéger le patrimoine du peuple pour obéir aux dogmes des marchés.
Le lingot de De Gaulle, gage d’indépendance, est devenu pour Sarkozy un obstacle à la “modernité financière”.
Et dans ce renversement se joue toute la tragédie contemporaine :
on a vendu la France pour la rendre conforme au monde qui la domine.
Conclusion : Sarkozy, le liquidateur de la France
Vendre l’or d’un pays, c’est plus qu’une faute économique : c’est un acte politique majeur. Car l’or n’est pas une marchandise, c’est la mémoire d’une Nation, son assurance-vie, la preuve tangible de sa souveraineté. Ce que Nicolas Sarkozy a fait entre 2004 et 2009, ce n’est pas une opération de “diversification financière” — c’est une liquidation. La liquidation d’un héritage, d’une sécurité, d’un symbole.
Sous son mandat, des centaines de tonnes d’or français ont quitté les coffres de la République comme des meubles de famille vendus à la hâte pour payer les dettes du ménage. Et tout cela au nom d’une “modernité économique” qui, vingt ans plus tard, a laissé la France ruinée, dépendante, soumise aux marchés qu’elle prétendait séduire.
Il y a dans cette affaire une cohérence sinistre :
le même homme qui a supprimé le mot trahison de la Constitution,
le même qui a contourné le référendum de 2005,
le même qui a replacé la France sous commandement de l’OTAN,
a aussi vendu l’or de la Nation.
Toujours au nom de la “raison”, du “progrès”, du “réalisme”.
Mais derrière ces mots se cache le même geste : livrer la France à d’autres.
Ce qu’il a bradé, ce n’était pas du métal, c’était la garantie de l’indépendance.
En vendant les lingots de De Gaulle, il a symboliquement enterré la souveraineté qu’ils représentaient.
Depuis ce jour, la France n’est plus une puissance qui possède, mais une puissance qui s’excuse.
Et si l’Histoire devait juger Sarkozy, elle n’aurait pas besoin de chiffres : il suffirait de constater que sous sa main, la République a perdu jusqu’à son or.
Ce n’était pas une erreur, c’était un choix.
Et ce choix, celui d’un président préférant la dette au trésor, la dépendance à la fierté, restera comme le plus grand casse de la Ve République.
Un vol légal, organisé par le pouvoir, contre la Nation.