Sarkozy : le président du Nouvel Ordre mondial et d’Israël

23/10/2025 – Par Nicolas Philippe Granget

Deux phrases. Deux instants de vérité. Deux aveux qu’aucun président avant lui n’avait osé prononcer.

La première, en 2009, en direct de l’Élysée

« Nous irons ensemble vers le Nouvel Ordre mondial, et nul ne pourra s’y opposer. »

La seconde, un an plus tôt, au dîner du CRIF, à Paris :

« Mon attachement à Israël est total, mon engagement est indéfectible. »

En l’espace de quelques mois, Nicolas Sarkozy a résumé toute sa présidence : un mélange de soumission géopolitique et d’alignement idéologique.

Jamais la France n’avait entendu de la bouche d’un chef d’État un langage aussi étranger à son histoire.

Car ces deux phrases, mises bout à bout, signent la fin du gaullisme et l’entrée de la République française dans un autre monde : celui de la dépendance globale, de la diplomatie communautaire et de la perte assumée de souveraineté.

Le “Nouvel Ordre mondial” dont parle Sarkozy n’est pas une théorie, c’est un projet : celui d’un pouvoir économique et militaire supranational, où les nations ne sont plus que des provinces sous contrôle.

Et l’“attachement indéfectible à Israël” n’est pas un geste de fraternité : c’est un signal d’allégeance.

Ces deux déclarations, à elles seules, condensent le basculement d’une époque — celle où la France, au lieu de défendre son indépendance, s’est mise à genoux devant l’Empire et ses relais.

De Gaulle parlait d’une France “libre, fidèle à elle-même, parlant au nom des peuples qui n’ont pas de voix”.

Sarkozy, lui, parlait le langage des puissants, celui des “valeurs partagées”, de la “gouvernance mondiale” et du “partenariat stratégique”.

Autrement dit : celui des vassaux.

Ce nouvel article ne portera pas sur une phrase sortie de son contexte, mais sur une doctrine présidentielle :

celle d’un homme qui a remplacé la souveraineté par la servilité, la République par le réseau, et la France par une succursale du monde globalisé.

Le Nouvel Ordre Mondial : l’aveu d’un gouverneur global

Lorsque Nicolas Sarkozy prononce, en septembre 2009, sa célèbre phrase à l’ONU — « Nous irons ensemble vers le Nouvel Ordre mondial, et nul ne pourra s’y opposer » — la presse française l’accueille avec indifférence.

Pourtant, dans ces mots se trouve condensée la vision du monde d’un homme et le projet d’une époque.

Sarkozy ne parle pas de coopération, il parle d’intégration : d’une refonte complète du système politique et économique international où les nations ne décident plus, elles appliquent.

L’expression “Nouvel Ordre mondial”, loin d’être neutre, renvoie à une architecture du pouvoir née après la guerre froide : celle d’une planète administrée par les institutions financières, les alliances militaires et les multinationales.

Depuis 1991, George Bush père, Bill Clinton, Tony Blair, Barack Obama et même Gordon Brown ont employé la même expression, comme un mot de passe réservé à l’élite globaliste.

Le “nouvel ordre” n’est pas un idéal de paix, mais une promesse de contrôle : gouvernance mondiale, uniformisation culturelle, dépendance économique, surveillance généralisée.

Et voilà qu’un président français, héritier d’une tradition gaullienne fondée sur l’indépendance et la voix des peuples, s’y rallie sans réserve.

Sarkozy justifie cette orientation au nom du “réalisme” et de la “modernisation du monde”.

Mais derrière cette rhétorique technocratique se cache une rupture totale avec l’idée même de Nation.

Pour lui, la souveraineté n’est plus un but, mais un obstacle ; la frontière, un archaïsme ; l’identité, un problème à dissoudre.

Son discours sur le “Nouvel Ordre mondial” n’est pas un discours d’homme d’État : c’est celui d’un gestionnaire cosmopolite, d’un gouverneur au service d’un système dont il ne contrôle ni les règles ni les maîtres.

Sous son mandat, cette doctrine s’est traduite par des actes précis :

la réintégration de la France dans le commandement militaire intégré de l’OTAN en 2009,

la ratification parlementaire du Traité de Lisbonne malgré le “non” du peuple en 2005,

la vente partielle de l’or de la Banque de France,

et la soumission diplomatique à Washington, notamment dans le dossier iranien et lors de la guerre en Libye.

À chaque fois, la même logique : céder des fragments de souveraineté au nom du progrès.

Un progrès qui profite toujours aux mêmes.

Quand Sarkozy parle du “Nouvel Ordre mondial”, il ne fait pas que répéter le lexique des élites anglo-saxonnes : il s’y inscrit volontairement.

Il s’en réclame comme d’une mission.

À Davos, en janvier 2009, il déclare encore :

« Nous devons refonder le capitalisme, inventer une nouvelle gouvernance mondiale. La France doit être exemplaire dans cette construction. »

Ces mots pourraient sembler anodins, mais ils portent une vision : celle d’un président français devenu agent de liaison du pouvoir global.

En rompant avec l’idée d’une France indépendante et en adoptant le langage de la gouvernance mondiale, Sarkozy n’a pas simplement tourné la page du gaullisme — il l’a brûlée.

Il a donné au monde le signal que la France cessait d’être une voix libre pour devenir une voix alignée.

Et dans le silence des médias, cette phrase prononcée à l’ONU résonne encore comme un serment d’allégeance :

non pas à un peuple, mais à un système.

L’allégeance à Israël : la fin de la neutralité française

Quelques mois avant d’évoquer le Nouvel Ordre mondial à l’Élysée, Nicolas Sarkozy prononce un autre discours, tout aussi révélateur.

Le 13 février 2008, au dîner annuel du CRIF, le président déclare :

« Mon attachement à Israël est total, mon engagement est indéfectible. »

Ces mots, anodins pour certains, constituent en réalité un basculement historique.

Car depuis De Gaulle, la politique étrangère française reposait sur une idée simple : l’indépendance et la neutralité dans les conflits du Proche-Orient.

La France se voulait médiatrice, fidèle à sa tradition d’équilibre, parlant à tous les peuples sans se soumettre à aucun.

Sarkozy, en rompant cette ligne, a substitué à la diplomatie française une diplomatie d’affiliation.

Derrière la formule, il y a une orientation :

soutien inconditionnel à Tel-Aviv, alignement systématique sur Washington, et participation de la France aux coalitions militaires dirigées contre les ennemis d’Israël.

Dès 2008, le ton change : la France ne parle plus de paix “juste et durable” mais de “sécurité d’Israël”.

L’équilibre se transforme en parti pris.

Le symbole le plus fort de cette mutation reste le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN, la même année.

C’est un double geste : politique envers les États-Unis, stratégique envers Israël.

La diplomatie française se repositionne au cœur du camp occidental, abandonnant toute prétention à la neutralité.

Ce n’est pas un hasard si Bernard Kouchner, l’un des plus fervents partisans de l’interventionnisme humanitaire et du rapprochement avec Tel-Aviv, devient ministre des Affaires étrangères.

Ni si l’Élysée s’entoure alors de conseillers liés aux réseaux pro-israéliens, comme Patrick Balkany ou Frédéric Salat-Baroux.

Sous De Gaulle, la France condamnait “l’agression d’Israël” après la guerre des Six Jours, rompait les livraisons d’armes et dénonçait la logique d’occupation.

Sous Sarkozy, elle applaudit aux opérations militaires israéliennes au Liban puis à Gaza.

De Gaulle parlait de “peuple d’élite, sûr de lui et dominateur” ; Sarkozy, lui, parle de “modèle de démocratie au Proche-Orient”.

Entre ces deux phrases, il y a un demi-siècle de renversement moral.

Cette fidélité “indéfectible” à Israël, réaffirmée à plusieurs reprises, n’est pas qu’une position affective ou symbolique : c’est un marqueur d’appartenance au camp de la gouvernance globalisée qu’il célèbre à l’ONU.

Le soutien inconditionnel à Israël et la défense du Nouvel Ordre mondial participent de la même logique :

celle d’un monde organisé autour de pôles de puissance économique et militaire, où la souveraineté des peuples ne compte plus.

En adoptant ce double langage – mondialiste et communautaire – Sarkozy a refermé la parenthèse du gaullisme.

Il n’est plus le président d’une France indépendante ; il devient le représentant local d’un système transnational.

Un système où l’on ne parle plus de “France”, mais de “valeurs occidentales”,

où l’on ne dit plus “politique étrangère”, mais “alignement stratégique”,

où l’on ne dit plus “indépendance”, mais “partenariat”.

Et ainsi, en moins de deux ans, Nicolas Sarkozy aura réussi ce que ses prédécesseurs n’avaient jamais osé faire :

dissoudre la voix singulière de la France dans le chœur des puissants.

Sous prétexte de modernité, il a effacé ce qui restait du courage diplomatique français.

Et dans cette disparition, c’est un pan entier de notre histoire, de notre fierté et de notre souveraineté qui s’est éteint.

Conclusion : un président sous tutelle

En moins d’un quinquennat, Nicolas Sarkozy aura transformé la présidence française en filiale du pouvoir global.

Ce qu’il a vendu n’était pas qu’un stock d’or, ni qu’un traité : c’était une idée, celle d’une France libre, capable de dire non.

Sa phrase sur le Nouvel Ordre mondial n’était pas une maladresse, mais un aveu.

Sa déclaration d’amour à Israël n’était pas une politesse, mais une allégeance.

L’une et l’autre s’inscrivent dans la même logique : celle d’un homme qui n’a jamais cru en la souveraineté française.

Sous ses airs de modernité, Sarkozy a fermé le livre du gaullisme et ouvert celui du suivisme.

Il a troqué la voix singulière de la France contre un micro branché sur Washington.

Il a remplacé la diplomatie par la communication, la stratégie par la soumission, et l’honneur par l’alignement.

Le général de Gaulle voulait une France au-dessus des blocs ; Sarkozy l’a installée dans un bloc, comme une province sous tutelle.

Il y a dans sa présidence la marque de tous les renoncements :

celui du référendum bafoué, celui de la Constitution révisée, celui de l’or liquidé, celui de la diplomatie bradée.

À chaque fois, le même geste, le même réflexe, la même logique : transférer le pouvoir, céder ce qui nous appartient, rendre la France dépendante.

Sarkozy n’a pas gouverné pour la France ; il a administré la France pour le compte d’un monde qui ne croit plus aux nations.

Et quand il parlait du Nouvel Ordre mondial, ce n’était pas un avertissement, mais un engagement.

Il n’annonçait pas l’avenir, il s’y soumettait.

C’est là sa véritable faute, celle que l’Histoire retiendra : avoir fait entrer la République française dans l’ère de la servitude volontaire.

Désormais, la France n’a plus besoin d’ennemis : elle a ses dirigeants pour la trahir.

Et tant que ces mots — souveraineté, indépendance, France libre — ne redeviendront pas des principes intangibles, le Nouvel Ordre mondial n’aura pas besoin d’armée pour nous dominer.

Il lui suffira d’un sourire présidentiel, et d’une signature en bas d’un discours.