Le 8 octobre 2025, l’Assemblée nationale a été le théâtre d’une farce politique dont Emmanuel Macron sort indemne, grâce à un allié improbable : le Rassemblement National (RN). Par une abstention savamment calculée au bureau de l’Assemblée, le parti de Marine Le Pen a torpillé la motion de destitution déposée par La France insoumise (LFI), offrant au président une bouée de sauvetage inespérée en pleine tempête politique. Ce choix, drapé dans les oripeaux d’une prétendue stratégie, n’est rien d’autre qu’une masterclass de politique politicienne, où l’intérêt électoral prime sur la cohérence et l’audace.

La motion, portée par 104 parlementaires de gauche, visait à enclencher une procédure constitutionnelle rare, celle de l’article 68, pour sanctionner un président affaibli, isolé, et rejeté par 73 % des Français selon les derniers sondages. Une opportunité historique de marquer un coup d’arrêt à un mandat jugé erratique, marqué par une crise institutionnelle sans précédent depuis la démission du Premier ministre Sébastien Lecornu. Mais le RN, par son abstention, a choisi de fermer les yeux, préférant les calculs mesquins aux exigences de l’heure.

Pourquoi ce recul ? Parce que le RN, en fin stratège de l’ombre, mise sur un autre scénario : une dissolution ou une démission qui ouvrirait la voie à des élections anticipées, où il espère rafler la mise. Soutenir la destitution, c’était risquer de se salir les mains dans une bataille incertaine, aux côtés d’une gauche qu’il abhorre. Alors, le RN a opté pour la lâcheté confortable, laissant Macron s’accrocher à son trône vacillant, au mépris de l’immense majorité de ses propres électeurs – 90 % d’entre eux, selon les chiffres, veulent voir le président partir.

Ce choix est une trahison maquillée en pragmatisme. En refusant de saisir cette chance de bousculer l’ordre établi, le RN révèle son vrai visage : celui d’un parti qui, sous ses airs de rupture, préfère les jeux d’appareil aux combats de principe. En sauvant Macron, il ne protège pas seulement un président en sursis ; il consolide un système qu’il prétend dénoncer, jouant les équilibristes pour mieux préparer son propre avenir électoral. Une manœuvre d’une hypocrisie éclatante, qui laisse les Français, épuisés par la crise, face à une opposition incapable de dépasser ses petits calculs.

Le RN aurait pu frapper fort, incarner une colère populaire légitime, et marquer l’histoire. Au lieu de cela, il a choisi de tendre la main à un pouvoir qu’il prétend combattre, confirmant que, dans les coulisses de l’Assemblée, les postures cèdent toujours le pas aux intérêts. Ce 8 octobre 2025, le RN n’a pas seulement sauvé Macron ; il a sacrifié sa crédibilité sur l’autel de la politique politicienne.