Illustration réalisée par Contre7
La France, autoproclamée patrie des droits de l’Homme, sombre-t-elle dans une dérive autoritaire ? Depuis une décennie, un constat glaçant s’impose : le régime durcit sa mainmise sur le narratif public, réprime les opposants avec une violence croissante et orchestre une surveillance de masse qui transforme chaque citoyen en suspect potentiel.
Dieudonné, Alain Soral, Lekto, Blow, Stéphane Blet, Frédéric Aigouy, Arielle Lavrilleux, Youssef Hindi, Blanche Gardin, Vincent Reynouard, Anasse Kazib, Hervé Ryssen, Pierre Hillard, Marion Sigaut, Annie Lacroix-Riz, Jérôme Rodrigues, Anne-Laure Bonnel… (pour les plus connus, mais la liste est encore longue) ne sont que des exemples d’une répression qui s’étend à tous, des artistes aux intellectuels, des journalistes aux simples citoyens en passant par les humoristes. Cet article dénonce une République qui, sous couvert de sécurité, étouffe la liberté d’expression, criminalise toute forme d’opposition et déploie des outils de surveillance dignes d’un État policier.
Une répression tous azimuts : des cibles multiples, des méthodes variées
Le régime français déploie une stratégie implacable pour museler toute voix dissidente. Les artistes, qui devraient incarner la liberté d’expression, sont criminalisés dès lors qu’ils osent une satire un peu trop mordante. Les humoristes, autrefois protégés par l’irrévérence, sont ostracisés ou interdits dès qu’ils touchent à des sujets jugés sensibles par le pouvoir. Les intellectuels et essayistes, qu’ils soient historiens, géopoliticiens ou polémistes, sont marginalisés dans les cercles académiques et médiatiques, leurs travaux relégués aux marges de l’espace public sous des accusations souvent fallacieuses.
Les journalistes, piliers d’une démocratie saine, subissent des intimidations judiciaires et des exclusions professionnelles orchestrées pour les réduire au silence. Toute personne qualifiée de dissidente, qu’elle enquête sur des crimes sordides, des scandales politiques ou des vérités géopolitiques, est systématiquement évincée des médias mainstream, cantonnée à des plateformes alternatives où leur portée est limitée. Cette exclusion, qui vise à étouffer les voix critiques, est une arme redoutable du régime pour maintenir un discours officiel univoque. Les révélations dérangeantes, qu’il s’agisse d’affaires criminelles impliquant des réseaux de pouvoir ou de scandales politiques, sont étouffées, et ceux qui osent « demander des comptes au pouvoir » sont vite rappelés à l’ordre par un système qui ne tolère plus la critique, comme le montre l’expérience d’un journaliste censuré par l’UE et banni de l’Élysée pour avoir cherché à révéler des vérités dérangeantes (Post 1918605151868219448). Reporters Sans Frontières, dans son indice 2024 de la liberté de la presse, classe la France à une inquiétante 21e place sur 180, un signe clair d’une dérive autoritaire qui s’aggrave année après année. Cette chute dans le classement, combinée à des pratiques comme la censure de médias entiers ou l’intimidation de reporters, montre un régime prêt à tout pour contrôler l’information.
Une surveillance de masse oppressante : citoyens et manifestants dans le viseur
La surveillance de masse est devenue l’arme ultime du régime pour maintenir son contrôle. En 2023, plus de 2 000 enquêtes pour « apologie du terrorisme » ont été ouvertes, souvent pour des publications anodines sur TikTok ou X, comme après l’assassinat de Dominique Bernard à Arras. La plateforme Pharos, outil de surveillance numérique, a recensé 200 000 signalements cette année-là, tandis que 1,5 million de contenus ont été retirés sous le Digital Services Act (DSA). Cette chasse aux sorcières numérique, où un simple commentaire peut mener à une garde à vue, illustre un régime qui préfère la répression à la liberté.
Mais la surveillance va bien au-delà du numérique. Dès 2010, à Lyon, 700 personnes ont été retenues dans une « garde à vue à ciel ouvert » place Bellecour pendant plus de sept heures, photographiées et fichées dans des bases comme le TAJ, selon un rapport de l’époque. En 2015, période marquée par les attentats de Charlie Hebdo et du Bataclan, la loi relative au renseignement a légalisé des pratiques de surveillance de masse, permettant l’usage d’outils algorithmiques pour identifier des « comportements suspects ». Ces technologies, testées lors de manifestations, ont été généralisées avec le temps. Le mouvement des Gilets Jaunes (2018-2019) a marqué un tournant dramatique dans cette escalade répressive : des drones, des gaz lacrymogènes et des flash-balls ont été utilisés pour disperser les foules, tandis que les fichiers de police étaient alimentés avec les données des interpellés. Les violences policières ont atteint un niveau sans précédent, avec 2 500 blessés côté manifestants, dont 24 éborgnés et 5 ayant eu une main arrachée, et 1 800 blessés côté forces de l’ordre, selon les chiffres officiels. Plus de 11 000 gardes à vue ont été enregistrées en un an, souvent pour des motifs flous comme « participation à un groupement en vue de commettre des violences », une pratique dénoncée par Amnesty International comme une tentative d’intimidation systématique. Des manifestants ont été marqués à vie par cette répression brutale, transformant le droit de manifester en un acte de courage face à un État prêt à mutiler pour faire taire les contestataires.
La vidéosurveillance algorithmique, déployée à grande échelle lors des Jeux Olympiques de 2024, marque une nouvelle étape dans cette dérive. Initialement prévue comme une mesure « expérimentale » jusqu’en mars 2025, elle a été prolongée jusqu’en 2027, malgré les alertes d’Amnesty International sur ses menaces aux droits humains. Cette technologie, qui utilise la reconnaissance faciale et l’analyse comportementale pour identifier des « menaces potentielles », évoque des pratiques dignes d’un État totalitaire, où chaque mouvement est scruté, analysé et potentiellement criminalisé. Des fichiers opaques comme le Fichier des Personnes Recherchées (FPR), qui contient 642 000 fiches actives pour 580 000 personnes, permettent de ficher des citoyens sans transparence ni recours possible. La CNIL elle-même admet que les droits d’accès et de rectification pour ces fichiers sont limités, notamment pour les fiches liées à la sûreté de l’État, laissant les citoyens dans une impuissance totale face à cette surveillance.
La surveillance de masse ne se limite pas aux manifestants ou aux dissidents déclarés. Des outils comme les boîtes noires, introduites par la loi de 2015, permettent aux services de renseignement de collecter en temps réel les métadonnées de tous les citoyens – appels, emails, navigation internet – sous prétexte de « lutte contre le terrorisme ». En 2021, le Conseil d’État a validé ces pratiques dans une décision qui restera une tache indélébile sur la plus haute juridiction administrative française. Au mépris des arrêts de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), qui en octobre 2020 jugeait illégales les rétentions indiscriminées de données, le Conseil d’État a choisi de privilégier la sécurité nationale sur les droits fondamentaux, autorisant la conservation généralisée des données de connexion (adresses IP, géolocalisation, historiques d’appels) et légitimant une surveillance où chaque citoyen est considéré comme un suspect potentiel. La Quadrature du Net a dénoncé ce « renversement de principe » où « tout le monde est suspect, de tout », un précédent sinistre qui interroge la légitimité de la France à parler au nom des valeurs européennes.
Un contrôle narratif absolu : la fin de la liberté d’expression ?
Ce tableau est accablant : le régime français orchestre un contrôle narratif absolu, où toute divergence est punie. Les accusations de discours de haine, d’antisémitisme ou de désinformation servent de prétextes pour justifier la censure, les poursuites et les ostracisations, tandis que la surveillance numérique traque les moindres écarts. Toute personne qualifiée de dissidente est systématiquement évincée des médias mainstream, cantonnée à des plateformes alternatives où leur portée est limitée, souvent qualifiée de « complotiste » ou « extrémiste » pour mieux les discréditer. La Quadrature du Net dénonce depuis des années cette « répression » qui cible les formes de contestation, qu’il s’agisse des « urgences climatiques » ou de la « résurgence des idées racistes ». Mais la répression va plus loin : elle s’étend à ceux qui enquêtent sur des vérités dérangeantes, comme les crimes sordides, les complicités entre élites et réseaux criminels, ou les réalités des conflits géopolitiques, un domaine où la parole est devenue un acte de courage face aux pressions du pouvoir.
La France glisse inexorablement vers un autoritarisme qui ne dit pas son nom, un constat partagé par des millions de citoyens. Selon le CEVIPOF (2023), seuls 30 % des Français font confiance au gouvernement, une défiance qui reflète l’asphyxie démocratique à l’œuvre. Le Défenseur des droits, dès 2018, notait une « perte de confiance de la population à l’égard des forces de l’ordre » et une « dégradation des relations entre la population et les institutions ». Ce climat de peur, où manifester, s’exprimer ou enquêter sur des vérités dérangeantes peut mener à une surveillance ou une répression, est le signe d’un régime qui préfère bâillonner plutôt que dialoguer.
La répression des non-vaccinés : un précédent autoritaire pendant la crise Covid
La crise du Covid-19 (2020-2022) a marqué un tournant dans les pratiques autoritaires du régime français, en particulier à l’encontre des non-vaccinés. Dès mars 2020, la France a imposé l’un des confinements les plus stricts d’Europe, exigeant une attestation dérogatoire pour tout déplacement, sous peine d’amendes et de contrôles policiers incessants. Présentée comme un outil de « responsabilité individuelle », cette attestation est rapidement devenue un instrument de contrôle de masse, permettant aux forces de l’ordre de verbaliser 1,1 million de personnes en quelques mois, souvent pour des motifs arbitraires, selon l’historien Nicolas Mariot dans une étude pour le CNRS. L’historien souligne que cette période a révélé une « résurgence des vieux réflexes de contrôle punitif », où les États avec une forte tradition de suspension des libertés civiles – comme la France – ont imposé des mesures particulièrement coercitives.
Avec l’introduction du pass sanitaire en juillet 2021, la répression s’est intensifiée envers les non-vaccinés. Ce dispositif, qui conditionnait l’accès aux lieux publics (restaurants, cinémas, transports) à une preuve de vaccination ou à un test négatif, a transformé les non-vaccinés en parias sociaux. Des millions de Français ont été exclus de la vie sociale, professionnelle et culturelle, souvent sous le poids d’une rhétorique gouvernementale stigmatisante les qualifiant d’ »irresponsables » ou de « dangers publics ». Les manifestations contre le pass sanitaire, qui ont rassemblé des centaines de milliers de personnes entre 2021 et 2022, ont été durement réprimées : gaz lacrymogènes, interpellations massives et amendes ont été utilisés pour disperser les foules. Selon le ministère de l’Intérieur, plus de 400 000 amendes pour non-respect du pass sanitaire ont été dressées en un an, et des milliers de personnes ont été licenciées ou suspendues de leur emploi – notamment dans les secteurs de la santé et de l’éducation – pour avoir refusé la vaccination.
Cette répression a également exacerbé la surveillance de masse : des applications comme TousAntiCovid, utilisée par 50 millions de Français, ont permis de collecter des données de santé et de géolocalisation, souvent sans consentement éclairé, selon une analyse du CNRS. Les non-vaccinés, particulièrement ciblés, ont été fichés dans des bases de données opaques, alimentant une méfiance généralisée envers les institutions. Des outils de géolocalisation, initialement déployés pour retracer les « cas contacts », ont été détournés pour surveiller les déplacements des réfractaires au vaccin, notamment lors des manifestations contre le pass sanitaire. Cette période a révélé une France prête à sacrifier les libertés individuelles au nom de la « sécurité sanitaire », un précédent qui a normalisé des pratiques autoritaires aujourd’hui étendues à d’autres formes de dissidence. Les non-vaccinés, souvent qualifiés de « complotistes » ou d’anti-sciences » par le discours officiel, ont été les premières victimes d’une stratégie de division sociale orchestrée par le pouvoir pour imposer un contrôle total.
Les dérives de l’Union européenne : la censure sous couvert de lutte contre la désinformation
L’Union européenne (UE), loin d’être un rempart contre les dérives autoritaires, y contribue activement sous couvert de « lutte contre la désinformation ». Le Digital Services Act (DSA), adopté en 2023, incarne cette volonté de contrôle. Conçu pour obliger les grandes plateformes (Google, Facebook, Twitter, Telegram) à combattre la désinformation, l’extrémisme en ligne et les escroqueries, le DSA a rapidement révélé ses limites et ses dangers pour la liberté d’expression. En pratique, il délègue aux plateformes la responsabilité de modérer les contenus, mais sous une pression réglementaire si forte qu’elles préfèrent censurer à outrance pour éviter des amendes colossales, pouvant atteindre des milliards d’euros, selon un rapport de TechPolicy.Press. Cette approche floue, où la définition de la « désinformation » reste ambiguë, ouvre la porte à des abus. Comme le souligne Alexander Peukert sur Verfassungsblog, « qui décide de ce qui constitue de la désinformation dans l’UE ? » Ni les autorités publiques, ni les plateformes ne prennent de décisions éditoriales claires, créant un vide juridique où la censure devient la norme par défaut.
Le DSA n’est que la partie émergée de l’iceberg. Des initiatives comme le Code de conduite contre la désinformation, soutenu par des organisations telles qu’Alliance4Europe, intègrent des cadres comme le DISARM Framework, qui inclut des influences militaires, un détail troublant dans un contexte censé protéger la liberté d’expression. La citation fondatrice de la Global Disinformation Index (GDI), qui évoque une « guérilla informationnelle » où il n’y a plus de distinction entre participation militaire et civile, illustre cette militarisation du contrôle de l’information. L’UE a également mis en place des outils comme l’European Digital Media Observatory (EDMO), qui, sous prétexte d’analyser les « fake news », collabore avec des gouvernements pour identifier et supprimer des contenus jugés « problématiques ». Ces mécanismes ont conduit à la censure de médias entiers, notamment ceux critiques des politiques européennes.
En parallèle, l’UE a soutenu des initiatives de « fact-checking » qui, bien qu’utiles en théorie, se transforment souvent en outils de censure. Des plateformes comme EUvsDisinfo, gérées par le Service européen pour l’action extérieure, ont été accusées de cibler des voix dissidentes sous prétexte de « propagande étrangère », sans toujours fournir de preuves solides. Par exemple, EUvsDisinfo a publié en 2024 une base de données répertoriant des cas de désinformation, ciblant souvent des médias indépendants ou des journalistes critiques des politiques de l’UE, comme ceux dénonçant les dérives autoritaires en France ou ailleurs. Cette chasse à la désinformation, combinée à des lois comme le Media Freedom Act – qui, malgré ses intentions affichées de protéger les journalistes, n’empêche pas l’espionnage ou la censure dans plusieurs États membres, montre une UE prête à sacrifier la liberté d’expression pour imposer un narratif officiel. Sous couvert de protéger les citoyens, l’UE met en place un arsenal qui menace directement la libre circulation des idées, un pilier fondamental de la démocratie.
Une atteinte aux droits fondamentaux : un appel à la résistance
Ces dérives, qu’elles viennent de la France ou de l’UE, sont une atteinte directe aux droits fondamentaux, inscrits dans la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. L’article 10 garantit le droit de manifester, l’article 11 protège la liberté d’opinion et d’expression, et l’article 12 interdit les abus de pouvoir. Pourtant, ces principes sont bafoués quotidiennement par un régime qui criminalise la dissidence et transforme la surveillance en arme de coercition. Des collectifs comme Souriez, Vous Êtes Filmés (SVEF) dénoncent ces pratiques depuis des années, alertant sur une « surveillance généralisée » qui menace la démocratie. Amnesty International, de son côté, met en garde contre une « érosion des droits humains » face à des technologies comme la vidéosurveillance algorithmique.
Il est temps de tirer la sonnette d’alarme. La liberté d’expression, pilier de toute démocratie, est en danger. Si même les artistes, les intellectuels et les citoyens ordinaires ne peuvent plus s’exprimer sans craindre la répression, que reste-t-il de la République ? La France doit retrouver son souffle démocratique, ou elle risque de devenir une caricature d’elle-même : un pays où la liberté n’est plus qu’un souvenir. Face à cette dérive, des médias indépendants comme Contre7 et des associations telles que l’AF2CI s’engagent à continuer de se battre pour le droit du peuple français à s’exprimer librement, en vertu des droits inaliénables consacrés par la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen.
La résistance est plus que jamais nécessaire pour préserver les libertés fondamentales et empêcher la République de sombrer dans l’autoritarisme.
Sources
- Post 1918605151868219448 sur X, par Frédéric Aigouy (@frederic_RTfr), publié le 3 mai 2025 à 09:54 UTC.
- Indice 2024 de la liberté de la presse, Reporters Sans Frontières.
- Rapport sur la plateforme Pharos et les retraits de contenus sous le DSA, 2023.
- Données sur les violences policières et les gardes à vue lors du mouvement des Gilets Jaunes (2018-2019), chiffres officiels et Amnesty International.
- Alerte d’Amnesty International sur la vidéosurveillance algorithmique lors des Jeux Olympiques de 2024, prolongée jusqu’en 2027.
- Rapport de la CNIL sur le Fichier des Personnes Recherchées (FPR), 642 000 fiches actives pour 580 000 personnes.
- Décision du Conseil d’État de 2021 validant les pratiques de surveillance de masse, critiquée par La Quadrature du Net.
- Arrêt de la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) d’octobre 2020 sur les rétentions indiscriminées de données.
- Étude du CEVIPOF (2023) sur la confiance des Français envers le gouvernement (30 %).
- Rapport du Défenseur des droits (2018) sur la perte de confiance envers les forces de l’ordre et la dégradation des relations entre population et institutions.
- Étude de Nicolas Mariot pour le CNRS sur les mesures coercitives pendant la crise du Covid-19.
- Chiffres du ministère de l’Intérieur : 400 000 amendes pour non-respect du pass sanitaire en un an (2021-2022).
- Analyse du CNRS sur l’application TousAntiCovid et la collecte de données de santé et de géolocalisation.
- Rapport de TechPolicy.Press sur les amendes potentielles du Digital Services Act (DSA), pouvant atteindre des milliards d’euros.
- Article d’Alexander Peukert sur Verfassungsblog : « Who Decides What Counts as Disinformation in the EU? ».
- Base de données EUvsDisinfo, gérée par le Service européen pour l’action extérieure, mise à jour en 2024.
- Rapport sur le Media Freedom Act, European Parliament, publié le 13 mars 2024.