Illustration générée par Contre7
Le 9 juillet 2025, le président américain Donald Trump a imposé un tarif douanier de 50 % sur les importations en provenance du Brésil, une décision qui ébranle les marchés et ravive les tensions géopolitiques mondiales. Officiellement justifiée par le soutien à l’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, accusé de tentative de coup d’État en 2022, et par des prétendus déséquilibres commerciaux, cette mesure pourrait aussi être une réponse stratégique aux ambitions croissantes du groupe BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, élargi récemment à l’Égypte, l’Éthiopie, l’Indonésie, l’Iran et l’Arabie saoudite). Dans un monde où la guerre économique et l’influence monétaire redéfinissent les alliances, cette action soulève des questions sur les intentions de Washington et les contre-coups possibles.
Contexte : Les BRICS, une menace pour l’hégémonie américaine ?
Les BRICS, fondés en 2009 comme un forum informel d’économies émergentes, sont devenus une plateforme visant à contester l’ordre mondial dominé par les États-Unis et leurs alliés occidentaux. Le récent sommet des BRICS, organisé au Brésil sous la présidence de Luiz Inácio Lula da Silva, a mis en lumière des discussions sur une monnaie commune ou une cryptomonnaie pour réduire la dépendance au dollar américain – une idée qui gagne du terrain depuis les sanctions imposées à la Russie après l’invasion de l’Ukraine en 2022. Selon le Council on Foreign Relations (26 juin 2025), ces initiatives, bien que lentes à se concrétiser, inquiètent Washington, où Trump a déjà menacé d’imposer des tarifs punitifs aux pays s’écartant de l’usage du dollar.
Le timing du tarif brésilien, juste après ce sommet, ne semble pas anodin. Cette coïncidence suggère une intention de freiner l’influence du Brésil dans les BRICS, tandis que Trump a historiquement averti que toute tentative de remplacer le dollar entraînerait des représailles économiques (PIIE, 14 mars 2025). Cette hypothèse s’aligne avec la stratégie « America First » de Trump, qui privilégie la préservation de la suprématie économique américaine face à des blocs concurrents.
Une décision politiquement motivée ?
Le fait que les États-Unis affichent un excédent commercial avec le Brésil (environ 7 milliards de dollars en 2024, selon le U.S. Census Bureau) contredit l’argument d’un déséquilibre commercial classique, renforçant l’idée d’une motivation géopolitique plus large.
Implications économiques et stratégiques
Les répercussions de ce tarif pourraient être profondes. Les études du National Bureau of Economic Research (2021) montrent que les guerres commerciales, comme celle initiée par Trump avec la Chine en 2018, entraînent des pertes d’efficacité commerciale et des représailles. Le Brésil, principal exportateur de soja et de café vers les États-Unis, pourrait riposter en taxant ces produits agricoles américains, affectant des États clés comme l’Iowa ou le Nebraska. Par ailleurs, la Chine, membre influent des BRICS, pourrait saisir cette opportunité pour renforcer ses liens commerciaux avec le Brésil, accentuant la fragmentation économique mondiale.
Sur le plan stratégique, ce tarif pourrait diviser les BRICS. Le Brésil, sous pression économique, pourrait hésiter à s’aligner pleinement sur les ambitions monétaires du groupe, tandis que des membres comme la Russie et la Chine pourraient accélérer leurs propres initiatives pour contourner le dollar. Une telle escalade transformerait ce conflit bilatéral en une bataille plus large pour la suprématie monétaire, avec des ramifications pour les marchés mondiaux.
Perspectives et incertitudes
Les prochaines lettres de tarif promises par Trump à d’autres leaders mondiaux (BBC, 7 juillet 2025) pourraient clarifier si cette mesure s’inscrit dans une campagne plus vaste contre les BRICS. Parallèlement, l’Union européenne, qui dépend des exportations brésiliennes, pourrait exercer des pressions diplomatiques pour atténuer le conflit.
Dans ce jeu d’échecs géopolitique, le tarif de 50 % des USA sur le Brésil apparaît comme une arme à double tranchant : il renforce la posture de Trump à l’égard de ses soutiens internes, mais risque d’isoler les États-Unis sur la scène internationale. L’histoire nous enseigne que l’arrogance économique, lorsqu’elle outrepasse la diplomatie, peut précipiter des empires dans le déclin – une leçon que Trump semble prêt à défier. À suivre dans les jours à venir, alors que les pions continuent de se déplacer sur cet échiquier mondial.