Dans une nouvelle démonstration de son penchant pour les incursions hors de son périmètre, le Mouvement des Entreprises de France (MEDEF) a jeté un pavé dans la mare en proposant de moduler les indemnités journalières et les compléments de salaire des salariés non vaccinés contre la grippe en cas d’arrêt maladie. Une mesure, intégrée dans une centaine de propositions pour réduire les dépenses de la Sécurité sociale en vue du budget 2026, qui illustre une fois de plus l’audace du MEDEF à s’aventurer sur des terrains où sa légitimité est, au mieux, à peine discutable.
Sous prétexte de promouvoir la santé publique et de limiter l’absentéisme, le MEDEF, par la voix de son vice-président Yves Laqueille, avance une idée qui fleure bon le chantage financier. En clair, si vous refusez “délibérément” le vaccin contre la grippe, préparez-vous à voir votre indemnisation réduite en cas de maladie.
Une parade astucieuse pour contourner l’impossibilité légale d’imposer la vaccination obligatoire, tout en exerçant une pression économique sur les salariés. Le message est limpide : vaccinez-vous, ou payez le prix. Une approche qui, sous couvert de responsabilité collective, piétine allègrement les libertés individuelles et le principe du consentement médical.
Mais de quel droit le MEDEF, organisation patronale censée défendre les intérêts des entreprises, s’arroge-t-il le pouvoir de jouer les gendarmes de la santé publique ? Son rôle, en théorie, se limite à négocier des conditions économiques et sociales favorables aux employeurs, pas à dicter des choix de santé aux salariés.
Cette proposition n’est qu’un exemple de plus de la propension du MEDEF à dépasser ses prérogatives, comme il l’a fait par le passé sur des réformes sociales controversées, souvent au mépris du dialogue social qu’il prétend incarner.
Le plus ironique dans cette affaire est l’argument brandi par le MEDEF : réduire les coûts de la Sécurité sociale. On pourrait presque applaudir l’ingéniosité si elle ne révélait pas une hypocrisie criante. Car derrière ce vernis de bien commun, c’est bien la compétitivité des entreprises, et non la santé des Français, qui reste la priorité. En transformant la vaccination en une obligation déguisée, le MEDEF ne fait pas que sortir de son rôle ; il instrumentalise la santé publique pour servir des intérêts économiques, au risque d’alimenter la défiance d’une population déjà échaudée par des années de débats polarisés sur les vaccins.
Les réactions sur les réseaux sociaux, où l’indignation gronde, montrent que cette proposition ne passe pas inaperçue. Les critiques y dénoncent une forme de “vaccination forcée” par la contrainte financière, un procédé d’autant plus sournois qu’il cible les plus précaires, pour qui une perte d’indemnités peut avoir des conséquences dramatiques. Le MEDEF, en s’aventurant sur ce terrain glissant, ne fait qu’attiser la méfiance envers les institutions et les employeurs, tout en s’exposant à un retour de flamme juridique et éthique.
Il est temps que le MEDEF recentre ses ambitions sur son mandat originel : défendre les entreprises dans le cadre du dialogue social, et non jouer les apprentis sorciers en matière de politique sanitaire. La santé des Français mérite mieux qu’une gestion comptable et des pressions déguisées.
Quant aux salariés, ils ont le droit de choisir sans craindre les sanctions financières orchestrées par une organisation qui, décidément, semble avoir oublié où s’arrête son terrain de jeu.