L’Espagne a dit non. Non à l’exigence américaine, non au chantage de Trump, non à l’escalade militaire imposée par l’OTAN. Lors du sommet de La Haye en juin 2025, les États-Unis ont tenté d’imposer un seuil inédit : 5 % du PIB pour les dépenses de défense. Une injonction camouflée en “objectif collectif”, censée renforcer la résilience de l’Alliance. Traduction : une ponction gigantesque sur les budgets nationaux pour financer un monde en guerre permanente.

Mais l’Espagne a tenu bon. Elle a refusé de se plier à cette logique d’alignement automatique. Et mieux encore : elle a obtenu une exemption formelle. Pas une simple tolérance diplomatique. Une ligne claire dans le texte final. Madrid s’engage sur 2,1 % du PIB à l’horizon 2029 — pas plus.

Ce refus courageux n’est pas un caprice. Il s’appuie sur des fondations économiques solides, qui déconcertent jusqu’aux observateurs internationaux. Alors que la France stagne, que l’Allemagne frôle la récession, l’Espagne affiche une croissance de 2,3 % en 2025, un chômage au plus bas depuis 2008, un déficit budgétaire maîtrisé et des exportations en hausse. En clair : ceux qui disent non à Washington ne sombrent pas — ils prospèrent.
Mais derrière ce chiffre magique des 5 %, derrière l’obsession pour les tanks, les drones et les missiles, se cache un projet plus vaste, plus inquiétant, et plus insidieux : la “préparation sociétale”. Une notion qui semble anodine, presque bienveillante. Mais qui, une fois décortiquée, ressemble davantage à une entreprise de formatage mental qu’à une stratégie de défense.

Ce que l’OTAN appelle préparation sociétale, c’est :

– enseigner à la population ce qu’elle doit penser du monde,
– surveiller les récits qui dévient de la ligne officielle,
– traquer la “désinformation” sous toutes ses formes,
– mobiliser écoles, médias, influenceurs, administrations pour former un citoyen fidèle à l’Alliance,
– ériger la guerre cognitive en nouveau front intérieur.
Et bien sûr, tout cela financé grâce à l’enveloppe de 5 % du PIB.
On ne parle plus ici de sécurité militaire. On parle d’ingénierie sociale.
On ne défend plus des frontières. On redessine les cerveaux.
Et ce n’est pas de la science-fiction : dans plusieurs pays membres, des programmes sont déjà en place. En Suède, les citoyens reçoivent des brochures leur expliquant comment survivre à une guerre et comment reconnaître les « ennemis de l’intérieur ». Aux Pays-Bas, des rapports alertent déjà sur l’excès de centralisation de cette doctrine. En France, la “résilience cognitive” est intégrée dans les politiques éducatives et médiatiques.
L’OTAN n’est plus seulement une alliance militaire. C’est une fabrique du consentement. Une superstructure qui impose une vision du monde, un ennemi désigné, un lexique autorisé, une manière de vivre en “temps de guerre prolongée”. Et ce que l’Espagne vient de faire, en refusant de se laisser dicter sa politique, c’est lancer un signal d’alerte à tout le continent.

Car cette guerre permanente qu’on nous prépare, ce n’est pas seulement une guerre de chars. C’est une guerre contre les doutes, les voix dissidentes, les souverainetés réfractaires. Une guerre contre ceux qui refusent de penser au pas.

Imaginez maintenant si d’autres pays européens suivaient l’Espagne. S’ils refusaient cette militarisation de l’esprit. S’ils rappelaient que la souveraineté ne se négocie pas dans un QG de l’OTAN, mais se défend à chaque instant, par chaque nation.

L’Espagne n’a pas seulement résisté à une exigence budgétaire. Elle a résisté à un projet civilisationnel dangereux, dans lequel l’Europe renonce à ce qu’elle est, pour devenir le prolongement docile d’une puissance étrangère.
Et peut-être que, pour une fois, la vraie résilience commence là.
Dans le refus.