Agnès Buzin face à une commission d’enquête sénatoriale sur la commande publique (10 juin 2025)
C’est l’histoire d’un abandon. Un abandon volontaire, orchestré, maquillé en décision technique. Un abandon qui engage non seulement une ministre, mais un président. Et qui pose une question grave, presque taboue dans la Ve République : celle du crime de trahison.
Le 10 juin dernier, une commission d’enquête sénatoriale auditionne Agnès Buzyn, ancienne ministre de la Santé. Sous serment, elle affirme :
« C’était Microsoft ou rien. On ne m’a donné aucun choix. »
À première vue, la phrase semble tragique, presque naïve. Mais quand on gratte, c’est un séisme politique et institutionnel.
Des données françaises livrées à une puissance étrangère
Le Health Data Hub, c’est ce projet lancé en 2019 censé centraliser les données médicales de tous les Français. Des données anonymisées, dit-on, mais qui concernent la totalité du parcours de soins : pathologies, traitements, handicaps, remboursement, hospitalisations.
Le choix de l’hébergeur ? Microsoft Azure, entreprise américaine, soumise aux lois extraterritoriales des États-Unis, notamment le Cloud Act.
Et c’est précisément là que le scandale s’enracine. Lors de cette même commission, le représentant de Microsoft France reconnaît que si la NSA ou le gouvernement américain réclame l’accès aux données de santé des Français, Microsoft devra obéir, sans même consulter les autorités françaises.
C’est écrit. C’est dit. C’est acté.
OVH, Scaleway, l’Europe ? Écartés, ignorés, méprisés
Les sénateurs auditionnent également OVH, hébergeur français basé à Roubaix. Résultat : les responsables d’OVH affirment n’avoir jamais été réellement consultés.
Le rapporteur Dany Wattebled est clair :
« On a fléché volontairement vers Microsoft dès le début. »
Et ce n’est pas tout. On apprend que Capgemini était déjà impliqué avant même le lancement officiel du projet. Et que McKinsey, cabinet de conseil américain au cœur de multiples polémiques en France, aurait influencé les orientations stratégiques. Une habitude.
« Je ne savais pas », « Je faisais confiance »
Face à ces révélations, Agnès Buzyn tente de se défausser :
« Je faisais confiance à mes services. Je n’ai jamais vu de note proposant une alternative. »
C’est la rengaine habituelle des hauts responsables : je décide, mais je ne suis responsable de rien. Pourtant, c’est elle qui a signé. Elle qui a validé. Et elle qui, à l’époque, exécutait une stratégie décidée en haut lieu. Car Agnès Buzyn ne décide pas seule : elle agit sous les ordres d’Emmanuel Macron.
Une ministre déjà au cœur de multiples affaires
Ce n’est pas la première fois qu’Agnès Buzyn est au centre de polémiques :
- 2020 : elle quitte brutalement le ministère de la Santé en pleine pandémie de Covid-19 pour candidater à Paris.
- Crise Covid : elle affirme devant les juges avoir prévenu l’Élysée du désastre sanitaire dès janvier, puis se contredit dans les médias.
- Médicaments : elle est accusée d’avoir ignoré les alertes sur les pénuries et sur les conflits d’intérêts dans l’industrie pharmaceutique.
- Vaccins : son rôle dans la stratégie vaccinale pilotée par McKinsey soulève de lourdes interrogations.
Une trajectoire politique marquée par le mensonge, l’improvisation et le mépris du peuple.
Microsoft, la NSA et la République
Mais cette fois, le seuil est franchi. Car en confiant à une entreprise américaine la gestion des données de santé françaises, le gouvernement viole les principes fondamentaux de souveraineté nationale.
C’est une question de droit, mais aussi de loyauté envers la nation.Quand une ministre valide un accord qui permet à la NSA de potentiellement accéder à nos données médicales, sans recours, sans contrôle, n’est-ce pas une forme de trahison ?
La Constitution française parle du crime de trahison dans des cas bien précis. Mais quand des responsables livrent nos données sensibles à des puissances étrangères, en toute connaissance de cause, sans débat parlementaire, sans appel d’offres transparent, peut-on encore parler de simple négligence ?
Une stratégie d’État, pas une erreur isolée
Agnès Buzyn n’est qu’un rouage. Le vrai pouvoir, c’est Emmanuel Macron, celui qui a laissé McKinsey coloniser les ministères. Celui qui promeut une gouvernance par cabinets privés au détriment de l’intérêt général. Celui qui prétend défendre la souveraineté européenne tout en signant des accords qui la sapent.
Depuis le début du quinquennat, la stratégie est claire :
Privatiser l’État. Externaliser les choix. Démanteler la souveraineté.
Six ans après la création du Health Data Hub, les données sont toujours chez Microsoft.
La promesse d’un cloud souverain ? Jamais tenue.
La vigilance des institutions ? Éteinte.
La confiance du peuple ? Brisée.
Alors posons la question, clairement, frontalement :
Faut-il considérer cela comme un acte de trahison ?
Et si oui, qui doit en répondre ?