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Dans un monde où la dystopie semble rattraper la fiction, le Département d’État américain a franchi un pas de plus vers une société de surveillance totale avec l’annonce, le 18 juin 2025, d’une extension des procédures de contrôle et de vérification pour les demandeurs de visas étudiants et visiteurs d’échange (F, M et J). Ce n’est pas une simple mise à jour administrative, mais un glissement assumé vers un contrôle social digne des scénarios les plus sombres de Black Mirror, où chaque like, chaque commentaire, chaque publication sur les réseaux sociaux devient une pièce à conviction dans le tribunal numérique de l’État. Bienvenue dans l’ère de la « transparence » prônée par des figures comme Klaus Schwab, où vos opinions, vos fréquentations, et peut-être bientôt votre nombre d’abonnés ou de likes, déterminent votre droit d’exister dans la société moderne.
Une vérification intrusive sous couvert de sécurité
Le Département d’État, dans sa quête autoproclamée de « sécurité nationale et publique », impose désormais aux demandeurs de visas F (études académiques), M (formations professionnelles) et J (programmes d’échange) de rendre leurs profils de réseaux sociaux publics pour un examen minutieux par les agents consulaires. Cette mesure, qui s’inscrit dans la continuité d’un programme pilote ciblant les candidats de Harvard, n’est pas seulement une intrusion dans la vie privée ; elle est une normalisation de la surveillance de masse, où chaque mot publié en ligne peut devenir un motif de rejet. Les critères ? Vagues, subjectifs, et dangereusement ouverts à l’interprétation : toute « hostilité » envers les citoyens américains, leur culture, leur gouvernement ou leurs « principes fondateurs » peut vous coûter votre visa. Soutenir des idées jugées trop critiques ou fréquenter les mauvaises personnes en ligne ? Vous voilà potentiellement blacklisté.
Cette politique ne se contente pas de scruter vos publications récentes. Elle plonge dans votre historique numérique, transformant chaque tweet maladroit, chaque mème partagé à la légère, en une menace potentielle pour la sécurité nationale. Et que dire des « activités antisémites » ou du « soutien au terrorisme » ? Ces termes, volontairement flous, laissent une marge d’interprétation si large qu’elle pourrait englober toute critique légitime d’une politique étrangère ou d’une injustice sociale. On ne juge plus seulement vos actes, mais vos pensées, vos affiliations, et même vos silences numériques.
Klaus Schwab et la « transparence » dystopique
Cette mesure résonne étrangement avec les visions de Klaus Schwab, le grand architecte du Forum économique mondial, qui prône une « transparence » totale dans la société moderne. Dans son ouvrage La quatrième révolution industrielle, Schwab évoque un monde où les données personnelles, les comportements et les interactions sont collectés et analysés pour façonner une société plus « efficace ». Mais efficace pour qui ? Cette transparence, loin d’être un outil d’émancipation, devient une arme de contrôle. Les États-Unis, en exigeant l’accès aux profils sociaux des demandeurs de visas F, M et J, ne font qu’appliquer cette logique : vous êtes ce que vous postez, et ce que vous postez doit être conforme à l’idéologie dominante.
Cette obsession de la transparence n’est pas nouvelle. Elle s’inscrit dans une tendance globale où les gouvernements et les entreprises technologiques collaborent pour surveiller, classer et juger les individus. En Chine, le système de crédit social attribue des scores aux citoyens en fonction de leur comportement, limitant l’accès aux services pour les « déviants ». En Occident, on préfère des approches plus subtiles : des algorithmes qui trient les candidats à un emploi, des plateformes qui censurent les voix dissidentes, et maintenant, des consulats qui épluchent vos publications Instagram pour décider si vous méritez un visa. Le parallèle avec l’épisode Nosedive de Black Mirror, où chaque interaction sociale est notée et détermine votre statut, est frappant. Bientôt, un mauvais ratio abonnés/likes pourrait-il devenir un critère d’exclusion ? Ironique, mais pas si loin de la réalité.
Un impact économique et humain désastreux
Au-delà de l’aspect orwellien, cette politique menace directement l’attractivité des États-Unis pour les étudiants internationaux et les visiteurs d’échange, qui ont injecté 43,8 milliards de dollars dans l’économie en 2023-2024. Les universités américaines, déjà confrontées à des critiques sur leur coût exorbitant, risquent de perdre des talents face à des procédures de visa devenues kafkaïennes. Les délais, déjà longs, pourraient s’allonger davantage, et les refus basés sur des critères subjectifs (« cette publication de 2017 semble suspecte ») décourageront les candidats. Les étudiants et participants aux programmes d’échange, souvent jeunes et encore en quête de leur identité, devront désormais policer leur expression en ligne, de peur qu’un mème mal interprété ou une critique d’une politique américaine ne ruine leurs rêves.
Et que dire des implications pour la liberté d’expression ? Cette mesure envoie un message clair : conformez-vous ou soyez exclu. Les étudiants internationaux et visiteurs d’échange, déjà vulnérables dans un pays étranger, seront forcés de s’autocensurer, de peur que leurs opinions – même exprimées dans un contexte privé ou culturel différent – ne soient utilisées contre eux. C’est une forme insidieuse de contrôle social, où la menace d’exclusion suffit à étouffer la dissidence.
Vers une société jugée par algorithmes et bureaucrates
Cette politique n’est qu’un symptôme d’une maladie plus large : la fusion entre technologie, bureaucratie et pouvoir politique pour créer une société où chaque individu est constamment évalué, classé, et jugé. Les réseaux sociaux, autrefois espaces de liberté, sont devenus des outils de surveillance. Les algorithmes, opaques et biaisés, décident qui est digne de confiance. Et les bureaucrates, armés de critères flous, ont le pouvoir de briser des vies sur un simple soupçon numérique.
Dans ce monde, la « transparence » de Schwab n’est pas une promesse d’égalité, mais une cage dorée où chaque mot, chaque like, chaque connexion est scruté. On nous vend la sécurité, mais à quel prix ? Une société où l’on craint de s’exprimer, où l’on surveille ses amis en ligne, où l’on calcule ses likes pour éviter d’être perçu comme « radical ». Black Mirror n’est plus une fiction ; c’est un miroir tendu à notre réalité.
Résister à la dystopie numérique
L’extension des contrôles de visa par les États-Unis pour les catégories F, M et J n’est pas un simple ajustement technique ; c’est une étape vers une société où la surveillance est normalisée, où l’intimité est un luxe, et où l’expression est un risque. Face à cette dérive, il est urgent de résister. Les étudiants, les universités, les participants aux programmes d’échange et les défenseurs des libertés doivent dénoncer cette intrusion, exiger des critères clairs et transparents, et protéger le droit à la vie privée. Car si nous acceptons aujourd’hui que nos réseaux sociaux deviennent des dossiers judiciaires, demain, ce sera peut-être notre nombre d’abonnés, nos likes, ou même nos pensées non exprimées qui seront jugés. Bienvenue dans la société orwellienne 2.0 – et elle n’a rien d’un mème.
Note : Pour les détails officiels sur cette politique, consultez le site du Département d’État. Pour une réflexion plus large sur la surveillance, relisez Orwell, revisionnez Black Mirror, et méfiez-vous des appels à la « transparence ».