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    Sous le prétexte fallacieux de protéger la démocratie et la santé publique, la ministre déléguée à l’Égalité et à la Lutte contre les discriminations, Aurore Bergé, a annoncé le 9 juillet 2025 la création d’une coalition d’associations militantes financée par l’État pour traquer les « contenus haineux » en ligne. Ces contenus, une fois signalés, seront transmis à l’Arcom (Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique) pour une suppression expéditive. Présentée comme une croisade contre l’antisémitisme, le racisme ou l’homophobie, cette initiative n’est rien d’autre qu’un outil déguisé pour museler les voix dissidentes et contrôler le débat public. En confiant à des organisations militantes, souvent marquées par des agendas idéologiques, le pouvoir de définir ce qui est « haineux », l’État ouvre la voie à une censure ciblée qui menace gravement la liberté d’expression en France.

    Une coalition d’associations militantes au service de la censure

    L’entourage de la ministre a révélé à l’AFP la composition de cette coalition, un assemblage d’organisations aux positions souvent partisanes, chargées de jouer les censeurs du web français. Voici la liste complète :

    • Le Crif (Conseil représentatif des institutions juives de France) – Connu pour ses prises de position parfois alignées sur des intérêts politiques spécifiques, souvent accusé de partialité.
    • La Fédération des centres LGBTI+ – Engagée dans la défense des droits LGBTI+, mais souvent critiquée pour son militantisme radical sur les questions d’identité.
    • Flag ! – Association de défense des droits LGBTI+ dans les forces de l’ordre, marquée par une approche militante ciblée.
    • La Licra (Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme) – Organisation historique, mais régulièrement pointée du doigt pour ses combats sélectifs.
    • M’endors pas – Association militante contre les violences sexuelles, connue pour ses prises de position agressives sur les réseaux sociaux.
    • Le Mouvement du Nid – Focalisé sur la lutte contre la prostitution, souvent impliqué dans des débats polarisants.
    • Osez le féminisme – Mouvement féministe radical, dont les positions tranchées sur le genre et la société suscitent la controverse.
    • Le Planning familial – Acteur des droits reproductifs, souvent au cœur de débats idéologiques clivants.
    • Respect Zone – Organisation aux contours flous, critiquée pour son approche vague de la « haine » et son manque de transparence.
    • Sos Homophobie – Association anti-homophobie, active dans la dénonciation de discours qu’elle juge discriminatoires, parfois de manière subjective.
    • SOS Racisme – Organisation emblématique, mais souvent accusée de politisation et de biais idéologiques.
    • Addam – Association peu connue, dont le rôle dans ce dispositif reste opaque.

    Ces associations, déjà subventionnées par l’État, recevront un financement accru pour recruter des équipes dédiées à la surveillance du web. Selon Aurore Bergé, cette initiative répond à un « enjeu démocratique majeur » et à un « enjeu de santé publique pour nos enfants ». Mais derrière ce vernis moralisateur se cache une volonté claire : faire taire les opinions dissidentes sous couvert de lutte contre la haine.

    Un prétexte pour museler la dissidence

    L’argument de la « haine en ligne » est une arme redoutable. Qui pourrait s’opposer à la lutte contre le racisme ou l’homophobie ? Pourtant, c’est précisément cette rhétorique moralisatrice qui rend cette initiative si dangereuse. La notion de « contenu haineux » est volontairement floue, laissant une marge d’interprétation immense à ces associations militantes. En leur confiant le pouvoir de signaler des contenus pour suppression, l’État délègue à des groupes non élus, souvent alignés sur des idéologies spécifiques, la capacité de décider ce qui peut ou ne peut pas être dit en ligne. Ce n’est pas une protection de la démocratie, mais une menace directe contre elle.

    Les associations choisies ne sont pas neutres. Des organisations comme Osez le féminisme, le Planning familial ou SOS Racisme ont des historiques marqués par des positions idéologiques clivantes, souvent alignées sur des agendas politiques progressistes. Le Crif, par exemple, a été critiqué pour ses prises de position dans des débats géopolitiques sensibles, tandis que des groupes comme M’endors pas ou la Fédération des centres LGBTI+ adoptent des approches militantes qui risquent de cibler tout discours s’écartant de leurs visions du monde. En d’autres termes, ce ne sont pas des arbitres impartiaux, mais des acteurs engagés avec des objectifs idéologiques clairs.

    Le danger est évident : sous prétexte de lutter contre la « haine », cette coalition pourrait cibler des voix critiques, qu’il s’agisse de journalistes indépendants, de militants politiques, d’intellectuels ou de simples citoyens exprimant des opinions non conformes. Les débats sur des sujets comme l’immigration, le genre, la laïcité ou la politique étrangère, déjà polarisés en France, risquent d’être étouffés au nom d’une définition subjective de la « haine ».

    Un financement public pour une police idéologique

    Le financement public de cette coalition est un scandale en soi. En augmentant les subventions de ces associations pour qu’elles jouent les gendarmes du web, l’État crée une dépendance financière qui compromet leur indépendance. Ces organisations, grassement financées, auront tout intérêt à signaler un maximum de contenus pour justifier leur utilité et sécuriser leurs fonds. Ce système incitatif ouvre la porte à des abus, où des contenus seront supprimés non pas pour leur caractère réellement haineux, mais pour leur divergence idéologique.

    De plus, l’opacité du processus est alarmante. Qui définira les critères de signalement ? Comment les citoyens pourront-ils contester une suppression ? L’Arcom, déjà critiquée pour son manque de transparence, deviendra-t-elle une chambre d’enregistrement pour les décisions arbitraires de ces associations ? Rien dans les annonces d’Aurore Bergé ne garantit un contrôle démocratique ou un droit de recours pour les citoyens ciblés.

    Une dérive autoritaire sous couvert de vertu

    L’argument de la « santé publique » et de la protection des jeunes, brandi par la ministre, n’est qu’un paravent pour justifier une dérive autoritaire. En réalité, cette initiative s’inscrit dans une tendance plus large de contrôle de l’information et de répression des voix dissidentes. À l’international, des dispositifs similaires ont conduit à des abus : en Allemagne, la loi NetzDG a été critiquée pour avoir entraîné la censure de contenus satiriques ou critiques ; au Royaume-Uni, des citoyens ont été sanctionnés pour des publications jugées « offensantes » sans fondement clair. En France, où la liberté d’expression est une valeur cardinale, cette coalition risque de transformer l’espace public numérique en un champ de mines où seule la pensée conforme sera tolérée.

    Une alternative : défendre la liberté, pas la censure

    Plutôt que de déléguer à des associations militantes le pouvoir de censurer, l’État devrait miser sur des solutions qui renforcent le débat public et la résilience des citoyens :

    • Clarifier les lois existantes sur les discours de haine, en s’appuyant sur des définitions juridiques précises et non sur des interprétations subjectives.
    • Promouvoir l’éducation numérique pour enseigner aux jeunes à analyser et confronter les idées, plutôt que de les infantiliser en filtrant leur accès à l’information.
    • Garantir un droit de recours pour tout contenu supprimé, avec un processus transparent et indépendant.

    En l’état, l’initiative d’Aurore Bergé n’est pas une lutte contre la haine, mais une mascarade pour imposer une police idéologique. En confiant à des associations militantes le rôle de censeurs, l’État trahit les principes de la République et menace la liberté d’expression. Les Français méritent un débat public libre, où les voix dissidentes, même dérangeantes, ont leur place. Cette coalition, loin de protéger la démocratie, risque de l’étouffer.