À la mi-juillet 2025, un appel à une mobilisation massive le 10 septembre 2025 circule en France, porté par un mouvement citoyen spontané et décentralisé. Réagissant aux mesures d’austérité du budget 2026 présenté par François Bayrou le 15 juillet, ce mouvement vise un « arrêt total et illimité du pays » pour dénoncer les coupes dans les services publics, la hausse des dépenses militaires et la situation économique alarmante (9,8 millions de Français sous le seuil de pauvreté). Cependant, une ombre plane : l’éventuelle récupération par les syndicats, notamment la CGT, pourrait bien compromettre son élan, comme cela s’est déjà produit avec d’autres mouvements populaires.

Un mouvement citoyen aux origines prometteuses

L’appel émane de collectifs diversifiés (infirmiers, enseignants, agriculteurs) sans affiliation politique ou syndicale. Il repose sur une colère populaire face à l’austérité, la crise agricole et la précarité, avec des mots d’ordre comme « boycott » et « désobéissance civile ». Cette spontanéité, qui rappelle 2018, a suscité un engouement notable, avec des milliers de partages en ligne et des visuels appelant à une « révolte pacifique ».

Le spectre de la récupération syndicale

Des signes indiquent que des syndicats, tels que la CGT dirigée par Sophie Binet, envisagent de s’approprier cette date. Plusieurs organisations préparent une mobilisation nationale à la rentrée, coïncidant avec la reprise des débats parlementaires sur le budget 2026. La CGT, qui a déjà appelé à des actions contre les mesures d’austérité, pourrait voir dans le 10 septembre une opportunité de fédérer ses revendications (salaires, pensions, conditions de travail). Si cette récupération se concrétise, elle risque de transformer un mouvement citoyen en une manifestation classique, encadrée et politisée.

Une histoire de déceptions passées

L’histoire récente des mobilisations en France illustre ce danger. Prenons la réforme des retraites de 2023 : malgré des millions de manifestants et un fort soutien populaire, les syndicats n’ont pas réussi à faire plier le gouvernement Macron. Les grèves, bien organisées, ont fini par s’essouffler, faute d’une stratégie cohérente ou d’un soutien populaire constant, laissant place à la lassitude. De même, les débuts des Gilets jaunes en 2018 ont perdu de leur dynamisme lorsque des structures établies ont tenté de les encadrer, diluant leur message originel.

D’autres exemples abondent : les manifestations contre la loi travail en 2016 ou les mouvements étudiants de 2018 contre Parcoursup ont connu des pics d’enthousiasme avant de s’étioler sous l’influence d’organisations structurées, souvent perçues comme déconnectées des bases. Cette tendance révèle un schéma récurrent : lorsque les syndicats prennent le contrôle, les mouvements perdent leur spontanéité et leur capacité à surprendre, rendant leur impact limité face à un exécutif déterminé.

Pourquoi cela pourrait échouer à nouveau ?

Si les syndicats récupèrent le mouvement du 10 septembre, plusieurs écueils se profilent. D’abord, l’imposition d’une hiérarchie et d’objectifs précis (négociations salariales, retraites) pourrait aliener les citoyens qui y voient une révolte globale contre le système, pas une simple revendication sectorielle. Ensuite, la méfiance envers les syndicats risque de diviser les participants. Enfin, l’expérience montre que les manifestations encadrées peinent à maintenir une pression durable, surtout face à un gouvernement prêt à attendre que la grogne s’éteigne.

Une alternative : préserver l’élan citoyen

Pour que la mobilisation du 10 septembre porte ses fruits, elle devrait rester fidèle à son ADN citoyen. Une coordination décentralisée, appuyée sur les réseaux sociaux et les initiatives locales, pourrait maintenir une pression diffuse et imprévisible, comme lors des débuts des Gilets jaunes. Une récupération syndicale, si elle se confirme, risque de transformer ce potentiel révolutionnaire en une énième manifestation vouée à l’échec, comme tant d’autres avant elle.

En conclusion, tandis que la date du 10 septembre 2025 approche, l’enjeu est clair : le mouvement doit résister à l’influence syndicale pour éviter le sort des mobilisations passées. Sinon, il risque de s’évanouir dans les annales des espoirs déçus, laissant la colère populaire sans débouché. À suivre de près dans les semaines à venir.