Dans le théâtre de la politique française, où les scandales se succèdent comme les actes d’une mauvaise pièce, la nomination de Philippe Gustin comme conseiller maître à la Cour des comptes mérite un projecteur braqué sur ses coulisses.

Gustin, ancien bras droit de Sébastien Lecornu, n’est pas un inconnu pour l’institution. En 2021, la Cour elle-même épinglait ce fidèle lieutenant pour un dérapage révélateur : un message WhatsApp où il suggérait, avec une désinvolture sidérante, de fermer Guadeloupe La 1ère, (chaîne du réseau France Télévisions) après une interview musclée de son ministre.

Une sortie qui trahissait une conception bien personnelle de la liberté de la presse.

Mais voilà, dans un tour de passe-passe dont la macronie a le secret, ce même Gustin, critiqué pour ses méthodes et éclaboussé par des soupçons de favoritisme dans l’Eure, se voit offrir un fauteuil doré à la Cour des comptes.

Cette institution, souvent prompte à sermonner les collectivités locales ou à pointer les dérives des autres, semble bien indulgente lorsqu’il s’agit de recycler les proches du pouvoir.

La Cour, qui n’a jamais brillé par une transparence à toute épreuve, donne ici l’impression d’un club feutré où l’on se coopte entre amis, loin des regards indiscrets.

Comment ne pas y voir un énième symptôme d’un système où la loyauté prime sur l’intégrité ? Gustin n’est pas récompensé pour un bilan exemplaire, mais pour sa fidélité à Lecornu, ministre aux ambitions intactes malgré les polémiques.

Cette nomination n’est pas seulement un affront à la cohérence : elle est une gifle à ceux qui espèrent encore une République où les institutions servent l’intérêt général, et non les intérêts d’une caste.

Le plus navrant ? Cette affaire ne surprend même plus. La Cour des comptes, censée incarner une forme de rigueur, s’enfonce dans le même marécage de copinage qu’elle prétend parfois dénoncer.

Quand mettra-t-on fin à ces arrangements qui salissent la crédibilité des institutions ?

En attendant, la promotion de Gustin n’est qu’un épisode de plus dans la longue saga du « deux poids, deux mesures ». Les Français, eux, ne peuvent qu’observer, désabusés, ce manège qui tourne à vide.

Source : https://www.mediapart.fr/journal/france/230725/epingle-par-la-cour-des-comptes-un-proche-de-lecornu-atterrit-la-cour-des-comptes