Des habitants empêchent un navire de croisière transportant 1 600 touristes israéliens, d’accoster au port d’Ermoúpolis

Le 22 juillet 2025, l’île grecque de Syros, dans les Cyclades, a été le théâtre d’une manifestation d’ampleur, où des habitants ont empêché le navire de croisière Crown Iris, transportant 1 600 touristes israéliens, d’accoster au port d’Ermoúpolis. Cette action, en réponse à ce que les manifestants qualifient de « génocide » à Gaza, illustre une mobilisation citoyenne courageuse et solidaire, dans un contexte de tensions internationales liées au conflit israélo-palestinien. Cette démarche, soutenue par des actions similaires au port du Pirée, mérite d’être saluée pour son engagement en faveur de la justice et des droits humains.

Une manifestation pacifique et symbolique à Syros

À Syros, les manifestants, brandissant des drapeaux palestiniens et des banderoles proclamant des slogans tels que « Ni à Syros ni nulle part, avec la Palestine jusqu’à la liberté », ont bloqué l’accès au port, empêchant le débarquement des passagers du Crown Iris, exploité par la compagnie israélienne Mano Maritime. Cette action, organisée par un groupe de résidents locaux, visait à dénoncer les opérations militaires israéliennes à Gaza, qui, selon l’UNICEF, ont causé plus de 51 000 morts palestiniens, dont au moins 15 000 enfants, au 16 avril 2025.

Les autorités portuaires grecques, invoquant des raisons de sécurité, ont interdit l’escale du navire, qui a finalement fait demi-tour pour rejoindre Limassol, à Chypre. Loin d’être un simple acte de protestation, cette mobilisation reflète une volonté collective de ne pas rester indifférent face à la crise humanitaire à Gaza, où la famine et les bombardements indiscriminés ont ravagé la population civile.

Une solidarité ouvrière au port du Pirée

Cette action à Syros s’inscrit dans une série de mobilisations en Grèce, notamment au port du Pirée, où les dockers ont bloqué à plusieurs reprises des cargaisons destinées à Israël. Le 16 juillet 2025, une manifestation a empêché le déchargement du navire Ever Golden, transportant environ 75 colis d’acier de qualité militaire en provenance d’Inde, présumé destiné à l’effort de guerre israélien. La cargaison a été transférée sur le COSCO Shipping Pisces, mais les dockers ont annoncé leur intention de continuer à bloquer ce navire également.

En octobre 2024, une action similaire avait vu des dockers bloquer un conteneur de 21 tonnes de munitions en provenance de Macédoine du Nord, destiné à Israël. Ces initiatives, portées par des slogans tels que « Liberté pour la Palestine » et « Assassins, sortez du port », traduisent un refus catégorique de participer à l’effort de guerre israélien, dans un pays où le gouvernement conservateur de Kyriakos Mitsotakis affiche un soutien marqué à Tel-Aviv.

Un contexte humanitaire dramatique

Ces mobilisations interviennent dans un contexte où la situation à Gaza est qualifiée de « fosse commune » par Médecins Sans Frontières (MSF), avec une aide humanitaire bloquée depuis la reprise de l’offensive israélienne le 18 mars 2025. Selon l’ONU, 70 % des victimes à Gaza sont des femmes et des enfants, et les entrées de camions d’approvisionnement sont passées de 500 par jour avant la guerre à moins de 70 en 2024, exacerbant une crise alimentaire dramatique.

Face à ce constat, les manifestants grecs, qu’ils soient citoyens à Syros ou dockers au Pirée, incarnent une résistance face à l’inaction internationale. Leur engagement fait écho aux appels de syndicats palestiniens et d’organisations internationales pour bloquer les livraisons d’armes à Israël, dans un effort pour faire pression sur le gouvernement israélien afin qu’il mette fin à ses opérations militaires.

Un message universel de solidarité

L’action de Syros, bien que locale, porte un message universel. En empêchant l’escale d’un navire de croisière, les manifestants ont rappelé que la solidarité avec le peuple palestinien transcende les frontières. Leur démarche, pacifique mais déterminée, met en lumière la responsabilité collective de ne pas rester complice face à ce que de nombreuses ONG qualifient de violations du droit international.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a sollicité l’intervention de son homologue grec, Giorgos Gerapetritis, pour résoudre la situation, illustrant l’impact diplomatique de cette mobilisation. Cependant, loin de chercher la confrontation, les manifestants ont choisi une action symbolique pour alerter sur l’urgence d’un cessez-le-feu et d’une reprise de l’aide humanitaire à Gaza.

Un exemple à suivre

La mobilisation à Syros, tout comme les actions des dockers du Pirée, doit être saluée comme un exemple de courage et de solidarité. Ces initiatives rappellent que les citoyens et les travailleurs ont le pouvoir d’agir face à l’injustice, même dans des contextes où les gouvernements restent passifs ou complices. En Grèce, ces manifestations ne sont pas isolées : elles s’inscrivent dans une longue tradition de soutien populaire à la cause palestinienne, renforcée par la mémoire des luttes sociales du pays.

Alors que la guerre à Gaza continue de faire des victimes, les actions de Syros et du Pirée envoient un signal fort : la solidarité internationale reste une arme puissante pour dénoncer les injustices et appeler à un avenir de paix fondé sur l’égalité des droits. Les manifestants grecs, par leur détermination, montrent la voie à suivre pour tous ceux qui refusent de fermer les yeux sur la tragédie palestinienne.

Sources :