Dans une volte-face aussi spectaculaire qu’attendue de la part d’un président connu pour ses inconstances, Donald Trump s’apprête à annoncer ce lundi un plan audacieux pour fournir à l’Ukraine des armes offensives, y compris des missiles à longue portée capables de frapper le cœur de la Russie, selon des sources proches du dossier rapportées par Axios. Ce changement de cap, qui intervient à peine une semaine après que Trump eut réaffirmé son engagement à limiter l’aide à des armes défensives pour éviter une escalade avec Moscou, souligne une fois de plus l’imprévisibilité chronique de sa politique étrangère. Cette annonce, prévue lors d’une réunion avec le secrétaire général de l’OTAN, Mark Rutte, verra les pays européens financer des armes américaines destinées à Kiev, une ironie pour un président qui, il y a encore quelques mois, dénonçait l’aide à l’Ukraine comme un gouffre financier pour les États-Unis.
Une semaine, une contradiction
Il y a sept jours à peine, Trump vantait une approche prudente, limitant l’aide militaire à l’Ukraine à des systèmes défensifs comme les batteries Patriot, dans une tentative de calmer les tensions avec Vladimir Poutine. Cette posture, déjà en rupture avec son discours de campagne où il promettait de mettre fin à la guerre en « 24 heures », semblait répondre à sa base électorale, farouchement opposée à un engagement américain dans des conflits étrangers. Mais un appel téléphonique avec Poutine le 3 juillet, où ce dernier a menacé d’intensifier la guerre, a visiblement fait basculer Trump. « Il est furieux contre Poutine », confie le sénateur Lindsey Graham, qualifiant l’annonce de « très agressive ». Ce revirement, motivé par une frustration personnelle plus que par une stratégie cohérente, illustre une gouvernance impulsive qui laisse perplexes alliés et adversaires.
Un catalogue de promesses brisées
Ce n’est pas la première fois que Trump fait volte-face. Sa présidence est jonchée de promesses de campagne éclatantes, souvent abandonnées ou contredites par les faits. La « liste Epstein », censée révéler un scandale retentissant, s’est dégonflée sous son administration, le FBI concluant à l’absence de preuves concrètes et au suicide du financier – une déception cuisante pour sa base MAGA, qui criait à la conspiration. La promesse d’éviter les guerres au Moyen-Orient, martelée lors de sa campagne, vacille face à des frappes ciblées contre l’Iran et un soutien armé à Israël, alimentant les accusations d’hypocrisie. L’inspection de Fort Knox, brandie comme un gage de transparence, reste une chimère sans calendrier ni suivi. La croisade contre le « deep state », un leitmotiv de sa rhétorique, semble s’évanouir alors que des figures comme Kash Patel et Dan Bongino, censées incarner cette lutte, se retrouvent engluées dans des décisions administratives conformistes. Quant à l’affaire Diddy, les allusions à une « liste » sensationnelle se sont éteintes dans le silence, laissant les partisans sur leur faim.
L’Ukraine, dernier clou dans le cercueil de la cohérence
Le revirement sur l’Ukraine est peut-être le plus révélateur de cette présidence en zigzag. Après avoir ordonné une suspension de l’aide militaire en mars 2025, puis une reprise partielle en juillet, Trump franchit désormais un pas décisif en soutenant des armes offensives, au grand dam de ses supporters qui dénoncent une trahison de son mantra « America First ». Sur les réseaux sociaux, les posts sur X traduisent l’exaspération : « Trump a cédé aux globalistes », écrit un utilisateur influent, tandis qu’un autre ironise sur « un président qui change d’avis plus vite qu’un bulletin météo ». En déléguant le financement aux Européens, Trump tente de maquiller cette décision en « bonne affaire » pour les États-Unis, mais le contraste avec ses promesses antérieures est criant.
Une crédibilité en lambeaux
Alors que Trump s’apprête à armer l’Ukraine pour frapper la Russie, il laisse derrière lui un sillage de promesses non tenues et de contradictions béantes. De la liste Epstein à l’affaire Diddy, en passant par Fort Knox, le « deep state » et la paix au Moyen-Orient, chaque engagement semble se dissoudre dans l’opportunisme ou l’improvisation. Ce dernier revirement sur l’Ukraine, loin d’être une exception, s’inscrit dans un schéma où la rhétorique triomphe sur la cohérence, et où les promesses de campagne s’effacent face aux réalités du pouvoir. Les Américains, tout comme les alliés de l’OTAN, se demandent désormais : quelle sera la prochaine pirouette ?